“Ce n’est pas Plus belle la vie” : face aux dealers dans les quartiers Marseillais, cette retraitée interpelle le préfet

À 75 ans, cette retraitée de l’avenue du Frêne située (9e) assiste au quotidien à la mise sous coupe de son quartier et alerte le préfet sur les conséquences pour les habitants d’un point de deal voisin.
Virginie ne compile pas seulement les photos de famille. Sur son ordinateur, les dossiers sont classés par mois, depuis plusieurs années déjà. Vidéos et images sont prises depuis son balcon de la résidence paisible du Météore, gérée par Erilia. Face au coquet appartement qu’elle partage avec sa mère, la retraitée dispose d’une vue imprenable sur l’avenue du Frêne qui relie le boulevard Gustave-Ganay à la résidence de la Cravache (9e).

À lire aussi : Une “petite victoire” : la bataille contre les dealers paie pour les habitants de Bel Ombre à Marseille
De part et d’autre de cette parallèle à Michelet, les villas de Coin-Joli, des résidences sociales se mêlent aux privées. Ce quartier, elle le connaît par cœur. “Bien sûr, la vie change, les habitudes et le quartier aussi. Mais depuis que l’avenue du Frêne est devenue le bureau des dealers, tout est pollué”, lâche-t-elle. Le point de deal de La Cravache en ligne de mire “étend ses tentacules et impose sa loi”, insiste Virginie.

“Le drame de Socayna, on y pense tous”
Les tirs de mortier, les rixes en pleine journée, les joutes verbales depuis les balcons… : “Mon quartier du Coin-Joli, ce n’est pas Plus belle la vie”, ironise-t-elle. Deux ans après le meurtre de Socayna, tuée à Saint-Thys, d’une balle de kalachnikov alors qu’elle était dans sa chambre, la peur du danger se fait “plus imminente”. “On y pense tous, nos quartiers sont contaminés et ce genre de drame peut arriver n’importe où”. C’est aussi pour cela qu’elle a voulu s’adresser au préfet, pour lui “rappeler que le fléau du trafic de drogue touche tous les quartiers de Marseille : du nord au sud.” Elle a écrit ce courrier au lendemain d’une énième frayeur, le 26 août dernier.

À lire aussi : Plus de 150 kg de cocaïne saisis au grand port de Marseille, un réseau de stupéfiants démantelé en Espagne
“À 4 heures, une moto s’est arrêtée sur l’avenue et six coups de fusil à pompe ont été tirés sur un balcon. Même ma mère qui est sourde s’est réveillée…”, déroule la retraitée. Des tirs qui résonnent comme un avertissement captés par une voisine sur un enregistrement. Dans sa missive, la locataire demande l’installation de nouvelles caméras de vidéoprotection dans le secteur. Actuellement, cinq sont déployées, selon la Ville.

À lire aussi : À Marseille, l’ancrage historique de la ‘Ndrangheta, la puissante mafia italienne
À voir aussi : Les plus vieilles momies du monde auraient été identifiées par des chercheurs

“Comme toutes nos images, elles ont été envoyées à la police. C’est la seule chose que je peux faire. Alerter, prévenir. Parfois, quand je ne peux pas rentrer ma voiture ou quand il y a une bagarre, je ne peux pas m’empêcher de dire aux dealers ce que je pense. Peut-être, mes origines corses y sont pour quelque chose, mais je ne baisserai jamais les yeux devant eux”, souligne Virginie.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *